TCP/IP avec BAYCOMLe modem "BAYCOM" constitue, de par sa facilité de réalisation et son faible coût, un point de départ intéressant pour démarrer en packet-radio. Nous allons voir que cela peut également constituer une solution intéressante pour les premiers pas en TCP/IP. Le propos n'est pas ici de décrire la réalisation proprement dite du modem, mais pour les OMs intéressés, reportez-vous à l'excellent article de F5RCT, paru dans le numéro de Juillet 1994 de MEGAHERTZ. A vos fers a souder, et bonne bidouille Comment fonctionne une station PACKET? Il n'est pas question ici d'expliquer tous les détails qui président au fonctionnement d'une station packet, il existe sur le sujet une bibliographie volumineuse, mais seulement d'en brosser un tableau grossier et rapide "dans les grandes lignes". Le but de la chose étant de transmettre des données alphanumériques (du texte, des programmes, des images numérisées, ...) d'une station à une autre par radio, il est raisonnable de s'attendre à ce que la station packet soit constituée d'un côté d'un "terminal" jouant le rôle d'interface avec l'OM, et d'un autre côté, d'un émetteur récepteur suivi d'une antenne pour transmettre et recevoir ces données. De nos jours, le "terminal" est pratiquement dans tous les cas un micro-ordinateur dans lequel s'exécute un programme spécialisé. Bien entendu, il ne suffit pas d'un ordinateur et d'un transciever pour "faire" du packet-radio les signaux binaires délivrés par le port série de l'ordinateur doivent étre transformés en MODULATION afin que la succession de 0 et de 1 que constitue ces signaux puisse se traduire sur l'air par un signal radio "intelligible". C'est le MODEM (MOdulateur-DEModulateur) qui réalise cette opération. Voilà basiquement tous les ingrédients d'une station packet. Il y manque toutefois une chose très importante sans laquelle la station ne fonctionnera jamais : La COUCHE LOGICIELLE GESTION DU PROTOCOLE DE COMMUNICATION. Voyons d'un peu plus près ce que cache ce barbarisme Pour transmettre des données sur l'air, d'une station packet à l'autre, il ne suffit pas de faire passer les données telles quelles à travers le modem, et d'envoyer ça dans l'antenne du TX. Il faut également :
Pour réaliser ces opérations, des "règles du jeu" ont été établies. Ces règles du jeu s'appellent un PROTOCOLE DE COMMUNICATION. Pour le packet-radio, le protocole utilisé est AX25 . Toutes les stations packet-radio obéissent de ce fait aux mêmes règles et peuvent donc "se comprendre" et communiquer entr'elles. Cette couche logicielle peut se trouver dans "la même boite" que le modem, et on a alors affaire à un TNC (Terminal Node Controller), mais elle peut également se trouver dans un programme du PC (comme c'est par exemple le cas pour le programme BAYCOM de DG3RBU). Dans ce cas, l'interface entre le PC et le IX n 'est qu 'un simple MODEM. C'est le cas du BAYCOM MODEM. Et TCP/IP, dans tout cela? De même qu'AX25, TCP/IP (Transmission Control Protocol / Internet Protocol) est également un protocole de communication. conçu et développé à l'origine par le département de la défense américain, il a ensuite fait son chemin, d'abord dans les milieux universitaires américains, puis s'est petit a petit implanté un peu partout pour finir par exploser littéralement ces dernières années (le succès d'Internet a franchi toutes les frontières). Les radio-amateurs n'ont pas été oubliés dans cette évolution de TCP/IP, puisqu'on leur a attribué une part du gateau sous la forme d'une série d'adresses IP (44 ) qui représentent plus de 16.700.000 stations TCP/IP radio-amateurs possibles. Il ne restait plus qu'à encapsuler les trames IP dans le protocole packet-radio AX25 pour pouvoir disposer de toute la puissance du protocole TCP/IP en packet-radio. C'est ce qui fut fait à travers le programme NOS de KA9Q ou de sa version JNOS de WG7J. C'est ainsi que JNOS propose en un seul programme, un package complet regroupant les fonctions de la couche applicative de TCP que sont TELNET, FTP, SMTP, NNTP, la couche IP et la couche AX25. JNOS + BAYCOM Compte tenu de tout ce qui précède, on pourrait être tenté de croire que JNOS et le modem BAYCOM ne demandent qu'à fonctionner ensemble. Hélas, ce n'est pas possible directement. En effet, JNOS contient toute la couche AX25 et est parfaitement capable de fabriquer et de décortiquer des trames packet-radio AX25, mais une chose qu'il ne sait pas faire, c'est de décider à quel moment le TX doit passer en émission et transmettre les trames. Le problème, c'est que le modem BAYCOM ne sait pas non plus faire ça. En fait, avec JNOS, il faut utiliser un TNC simplifié dont le rôle se limite à gérer la transmission des trames en fonction de l'occupation de la fréquence radio. On dit d'un tel TNC qu'il fonctionne en mode KISS (Keep It Simple Stupid). Qu'à cela ne tienne, il suffit d'intercaler entre JNOS et le modem BAYCOM un petit programme qui n'aura pour autre fonction que de combler cette petite lacune et le tour est joué C'est exactement le rôle d' AX25.COM : De la même façon qu'une imprimante ou tout autre périphérique peut être piloté par un "driver", le modem BAYCOM doit dans ce cas, être piloté par un PACKET DRIVER. Et voilà, le décor est planté et vous avez rassemblé tous les morceaux du puzzle...
Une boite d'aspirine ou équivalent (pour les migraines à venir !) Il ne reste plus qu'à passer à la mise en oeuvre. Avant de démarrer... Avant de se lancer, il est bon d'avoir consulté les diverses documentations associées à JNOS que vous devez avoir à votre disposition. Sachez également quil existe des "kits de démarrage" que vous pourrez vous procurer auprès des gourous TCP/IP de la région (Pascal de F5POE ou Patrick de FlGYG, par exemple). De même, n'hésitez pas à vous faire aider par un OM TCP/TPiste qui pourra vous conseiller dans le paramétrage de JNOS (qui, il est vrai, n est pas simple ..) ou bien dans le réglage de votre TX (excursion, préaccentuation). Il existe également des radio-clubs (F6KPY, F6KBS, par exemple) auprès desquels vous pouvez demander conseil. Quoi qu'il arrive, ne vous découragez pas Cela ne marche pratiquement jamais du premier coup (sinon, ou serait l'intérêt !..), ... persévérez et faites vous aider, et vos efforts seront récompensés... Il est également important de bien avoir présent à l'esprit que le packet-radio s'appuie sur la transmission des données par voie hertzienne basée sur le principe du CSMA (Carrier Sense Multiple Access). C'est précisément suivant ce principe que votre TX va passer en émission pour transmettre les trames AX25 : La traduction littérale de CSMA est "Accès Multiple par Détection de Porteuse". C'est a dire que toutes les stations sont sur la même fréquence et que la transmission a lieu lorsque la fréquence est libre. Il est évident que pour que cela fonctionne bien, il est nécessaire que soient réalisés les deux conditions suivantes : Il faut que j'entende tout le monde, et il faut que tout le monde m'entende. Sinon, plusieurs stations vont émettre en même temps et se brouiller mutuellement, ce qui entrainera la perte de trames et leur retransmission. C'est ce qu'on appelle une collision, et plus il y a de collisions, moins le réseau est performant. Cela veut simplement dire (et c'est valable non seulement pour TCP/IP, mais pour toute transmission packet-radio) qu'avant de démarrer quoi que ce soit, il faut avoir une installation radio adaptée et perfonnante (antenne omnidirectionnelle bien dégagée pour entendre tout le monde : Pas d'antenne directive !). Pour rester dans le domaine radio, veillez également tout particulièrement a ce que l'excursion de fréquence du TX ait une valeur correcte. Si vous n'avez pas (et c'est la majorité des cas ) d'instrument de mesure adapté, il est possible de régler "à l'oreille" de la façon suivante : - Sur charge fictive et en utilisant un récepteur à proximité pour entendre votre modulation, réglez le niveau de sortie du modem jusqu'à ce qu'a ce que le circuit limiteur de modulation du TX entre en action (ils en sont pratiquement tous pourvus, de nos jours) - Diminuez alors le niveau de sortie du modem de manière à ce que la baisse du volume sonore soit significative sans être trop importante. Les deux notes BF correspondant au "space" et au "mark" du signal doivent être pures et bien rondes. Le contenu des fichiers La documentation de JNOS fournit les explications relatives à l'environnement nécessaire au fonctionnement de JNOS. Il faut en effet créer un tas de répertoires et de fichiers dont certains doivent être alimentés avant tout lancement de JNOS. Sur ce point, plutôt que d'effectuer par vous même ce travail fastidieux, procurez vous un kit de démarrage (tout l'environnement est prêt) ou demandez à un OM de vous préparer une disquette que vous n'aurez plus qu'à "descendre" sur votre disque fixe avant de passer à la phase de personnalisation. Le fichier NOS.BAT : Lancement de AX25.COM et de JNOS En règle générale, INOS est démarré à travers un fichier habituellement appelé NOS.BAT (on trouve également des GO.BAT - le nom n'importe guère-) qui contient des ordres DOS dont le rôle principal est de positionner des variables d'environnement DOS utilisées par JNOS, éventuellement de faire du ménage, et de lancer le programme JNOS proprement dit. Dans le cas d'un démarrage avec BAYCOM il est nécessaire avant de lancer JNOS, de démarrer AX25.COM AX25.COM est un TSR (Terminate and Stay Resident) auquel JNOS va s'adresser pour recevoir et transmettre ses trames via le modem BAYCOM. Il doit, bien entendu se trouver dans un répertoire défini dans le PATH du DOS. Voici un exemple de NOS.BAT avec lancement du driver BAYCOM: @ECHO OFF Il faut, bien entendu adapter les paramètres de lancement de AX25.COM en fonction de votre configuration : Dans ce cas, par exemple, AX25 est censé dialoguer avec le modem BAYCOM a travers le port COM2 (paramètres -B2F8 et -I3). Si on veut utiliser le port COMI, par exemple, il faudra coder -B3F8 et -I4. Il est de même pour le numéro d'interruption software par laquelle JNOS et AX25.COM communiqueront (paramètre -i), mais en général, le numéro par défaut (60) convient très bien. Une remarque également sur la valeur de PERSIST (paramètre -p) : Si le canal radio est très utilisé (comme c'est, par exemple, le cas sur 144.900, il faut veiller à ne pas utiliser de valeurs de PERSIST trop importantes car cela augmente les probabilités de collisions, qui sont déja très élevées sur ce type de canal encombré. Bien entendu, l'ensemble de ces paramètres est décrit dans la documentation associée a AX25.COM. La ligne "TERMIN 0x60" sert simplement à désinstaller le packet driver de la mémoire de l'ordinateur. Le fait que cette commande figure dans le BAT de lancement de JNOS immédiatement derrière l'appel de JNOS provoque sa désinstallation automatique à chaque sortie de JNOS. Le fichier CONFIG Dans l'exemple précédent, la commande de lancement du programme JNOS comporte un paramètre. Ce paramètre n'est autre que le nom du fichier contenant la configuration de lancement de JNOS. Dans le cas où ce fichier ne réside pas dans le "current directory", il faut bien sûr indiquer son chemin complet. Les différents paramètres (et ils sont très nombreux ..) de ce fichier de config sont décrits dans l'abondante et volumineuse documentation de JNOS. La, encore, l'utilisation d'un kit de démarrage vous rendra service dans la mesure ou une grande majorité de paramètres sont déja positionnés et ou il ne reste plus qu'une personnalisation relativement facile à effectuer. Cela ne dispense tout de même pas de se pencher sur le rôle de tous ces paramètres afin de bien comprendre toutes les finesses de JNOS et d'en tirer le meilleur parti. Parrmi ces paramètres et ces commandes, il en est une qui nous intéresse particulièrement C'est la commande qui va permettre à JNOS de communiquer avec le monde extérieur via le driver AX25 et le modem BAYCOM attach packet 0x60 vhf 10 236 Comme son nom l'indique, cette commande est utilisée pour "attacher" les interfaces de commumcation à JNOS. Dans le cas qui nous préoccupe, l'interface "vhf' (ce sera son nom) est de type "packet driver" et utilise le numéro d'interruption software 60 (les numéros à partir de 60 sont disponibles pour les utilisateurs de DOS) les deux derniers paramètres indiquent le nombre de buffers (cases de mémoire) utilisés et le MTU (Maximum Transmission Unit) qui représente la taille maximum d'une trame transmise sur cette interface. Il faut évidemment et entr'autres, Si l'on veut que "ça se cause" que les numéros d'interruption software utilisés par JNOS et par AX25.COM soient identiques. Pour conclure... Démarrer en TCP/IP avec BAYCOM ne pose vraiment pas plus de problêmes qu'un démarrage avec n 'importe quel type de TNC en mode KISS. Il faut simplement penser à utiliser le driver AX25, et la suite doit se dérouler normalement (c'est là qu'il y a besoin de l'aspirine !...). Cette solution, si elle présente l'avantage du faible coût et d'une relative facilité de mise en oeuvre, possède quand même un petit inconvénient qui n'existe pas avec l'utilisation d'un TNC Cela ne fonctionne pas sous WINDOWS (ou tout autre gestionnaire de tâches du même genre). Hormis cela, c'est une solution économique qui permet d'exploiter pleinement les possibilités offertes par JNOS. Bon courage et bon trafic en … ![]() ![]() ![]() |