La révolution numérique

Beaucoup d'éléments physiques qui nous entourent ne peuvent être mis en évidence et mesurés qu'à l'aide de capteurs de transformation visuelle, auditive ou parfois sensorielle...


Par exemple :

La température est mesurée par la hauteur de la colonne de mercure ou d'alcool dans un thermomètre, le temps est mesuré par le déplacement angulaire des aiguilles d'une montre... etc... etc...Ces mesures visuelles proportionnelles aux valeurs physiques, sont appelées "analogiques".

Pour être transmises à distance, ces valeurs analogiques doivent être converties en valeurs électriques qui pourront circuler dans des fils ou moduler des porteuses radio... c'est ce qui est fait dans le téléphone, du combiné jusqu'au central local (le réseau est ensuite numérique), ou dans la radio (AM et FM ou BLU) de même que la TV terrestre actuelle (2002).

Bien que la technique "analogique" soit encore utilisée, les progrès de l'intégration et les performances des circuits électroniques ont permis de construire des convertisseurs rapides qui font exploser une nouvelle technique : le "numérique".

Comme il a été écrit précédemment, les signaux analogiques sont le reflet, en tension ou courant, de l'information physique originelle. Par exemple, le microphone de Graham Bell composé d'une membrane derrière laquelle il y a de la grenaille de charbon, module le courant délivré par une pile, en fonction des sons. L'amplitude et la fréquence des signaux électriques obtenus seront donc dans les mêmes proportions que les vibrations sonores.

Ce signal "analogique" résultant est composé d'un ensemble de signaux sinusoïdaux que l'on peut visualiser sur un écran d'oscilloscope.

Actuellement (2002), c'est ce type de signal qui module directement en amplitude (AM) ou en fréquence (FM) les emetteurs de radio... (le micro n'est évidemment plus à ... charbon !)
Hormis l'amplification ou la réduction de l'amplitude, il est très difficile d'effectuer des traitements sur des signaux analogiques, de même ce type de signal peut subir des déformations et capter des signaux parasites pendant son transport ... et il faut bien l'avouer, il y aussi une question économique au détriment du signal analogique : il prend inutilement de la place dans les éléments de stockage et les médias de transport (bande passante) !

Qu'est-ce que le... numérique ?

La digitalisation consiste à découper le signal analogique en tranches fines (échantillonnage) et à mémoriser l'amplitude de ces tranches (quantification).
L'échantillonnage est obtenu par une porte logique que l'on ouvre pendant un temps et une périodicité donnée. La période d'échantillonnage dépend de la fréquence maximun du signal analogique... je m'explique :

Tous les signaux de formes quelconques, sont en fait composés d'un ensemble de sinusoïdes (série de Fourrier !) il est donc nécessaire, pour conserver la forme du signal originel, de restituer la sinusoïde à la fréquence la plus élevée.

Un certain ... Shannon a dit qu'il fallait au moins deux points pour reconstituer une sinusoïde, (il faut lui faire confiance, mais c'est vrai !) Par exemple il sera nécessaire pour transcoder un signal vocal de 4000 Hz, d'effectuer un découpage de 8000 points/s.

Echantillonnage d'un signal


Après ce découpage nous obtenons des échantillons de tension qu'il faut "mesurer" : c'est la quantification. Celle-ci est obtenue par le passage à travers un convertisseur analogique/digital... Plusieurs méthodes sont utilisées pour cette conversion, pour l'explication nous prendrons la plus simple : le convertisseur à rampe.

Le niveau d'un échantillon est temporairement mémorisé dans un circuit (sample and hold) et comparé à un signal en dent de scie généré par une horloge (rampe). Quand il y a coïncidence entre les deux valeurs de tension, on compte et mémorise le nombre d'impulsions utilisées.

La valeur chargée dans la mémoire est un "nombre" d'impulsions d'ou le nom de "numérique" donné aux valeurs digitales... (les convertisseurs rapides utilisent une méthode différente, mais le résultat reste le même).
Le nombre maximum de marches de la rampe (et donc le nombre d'impulsions) dépend de la précision demandée.

Dans le monde "son digital", un signal téléphonique se contentera de 256 niveaux. Pour des qualités "disque CD" il faudra 65536 niveaux.

Pourquoi ces valeurs bizarres ?

Dans le domaine "numérique" on utilise le comptage binaire soit des puissances de 2 :

>256 = 2 8 soit 8 bits, et 65536 =216 soit 16 bits.

Le codage BINAIRE :

Un codage est une succession de présence ou d'absence de signaux electriques ou "bit" (contraction de : Binary Digit) .Ce codage est dit binaire, car il n'occupe que deux valeurs : 0 ou 1).
La plus petite entité pratique utilisée en informatique, est le groupe de 8 bits successifs qui s'appelle OCTET.
( 1 1 1 1 1 1 1 1 )
Le bit de plus faible poids (le plus à droite) a une valeur décimale de 0 ou 1, Le suivant (vers la gauche) a une valeur double soit 0 ou 2, le suivant également le double du précédent, soit 0 ou 4 et... jusqu'au bit de fort poids (celui de gauche) qui a une valeur de 0 ou 128.
On voit qu'avec 8 bits (un octet) on peut obtenir 256 valeurs numériques : (0 a 255)

Quelques exemples :

0 0 0 0 0 0 0 0 = 0
0 0 0 0 0 0 0 1 = 1
0 0 0 0 0 0 1 1 = 3 (2 + 1)
0 0 0 1 1 0 0 1 = 25 (16 + 8 +1)
1 1 1 1 1 1 1 1 = 255 (128 + 64 +32 +16 +8 + 4 + 2 + 1 = 255)


Les avantages du numérique :

Un signal analogique qui circule dans des fils ou des ondes radio, à travers le monde subit des déformations au cours de son voyage. De même un signal sonore enregistré sur une bande magnétique, puis copié plusieurs fois subira une perte de qualité. Des signaux parasites ou du bruit de fond peuvent également s'ajouter au signal d'origine... etc..

Le signal "numérique" est une suite de niveaux quantifiés par une valeur binaire (numérique). cette valeur n'a aucune raison d'être modifiée par une variation de niveau ou une distorsion du signal. De plus cette valeur peut facilement être régénérée.
Un enregistrement peut être copié plusieurs fois successivement sans subir de déformation.
Un autre avantage, et non des moindres, est la possibilité d'intercaller d'autres signaux entre les échantillons d'un signal. C'est d'ailleurs ce qui est utilisé dans tous les "tuyaux" à haut débit de l'Internet : c'est le multiplexage. C'est ce qui sera utilisé bientôt en TV terrestre pour passer plusieurs programmes sur une même porteuse radio !

Le numérique permet également de faire de nombreux traitements et en particulier la compression : GSM 06.10 pour les communications téléphoniques, MP3/WMA pour les fichiers "sons", GIF/JPEG pour les fichiers "images", MPEG pour les vidéos.
Voir ici l'exemple de la photo numérique

L'avenir du numérique :

Toutes les transmissions d'informations, que ce soit des sons ou des images prendont dans l'avenir, la voie "numérique", elles empruntent déjà cette route avec les liaisons satellites, la TNT, la TV par ADSL, le téléphone portable, etc...

Pour le moment (2005) , les "radios" sont encore en analogique (AM, ou FM)... mais elles aussi prendront bientôt le chemin numérique, ce qui permettra de multiplier le nombre de canaux et d'ajouter d'autres informations, tout en conservant une très bonne qualité ... Voir DRM

Et pouquoi pas aussi les "ondes courtes" des radioamateurs ?

Eh bien ! c'est tout à fait possible et des expériences concluantes ont été réalisées: voir l'article de

Ce procédé améliore considérablement la qualité de la liaison en diminuant l'effet de fading si génant sur ces bandes. Bien sûr les emetteurs et récepteurs seront un peu différents de ceux que nous connaissons actuellement, mais ce sera une nouvelle source d'intérêt pour les radioamateurs ...